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D’ici 2028, la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) vise une ambition majeure : injecter 8,75 TWh par an de chaleur fatale dans les réseaux de chaleur. Issue de la valorisation de chaleur perdue dans les processus industriels ou dans certaines entreprises, la chaleur de récupération peut servir à chauffer ses locaux ou les riverains. Pourquoi et comment la récupérer dans une logique de décarbonation de l’industrie et du tertiaire ?
La chaleur fatale est une chaleur produite de manière inévitable lors de certains processus de production, souvent comme un sous-produit non souhaité. Elle constitue des pertes de chaleur pour l’industrie.
Cette énergie peut se manifester sous différentes formes :
Autrefois, cette chaleur était tout simplement perdue. Aujourd’hui, il est possible de récupérer cette chaleur fatale.
Cette récupération permet de la valoriser, par exemple en l’utilisant pour :
Ce faisant, on engage son entreprise dans une démarche de transition énergétique.
La récupération de chaleur fatale présente plusieurs avantages pour les entreprises. Quels sont-ils ?
Tout d’abord, lorsqu’elle est utilisée à des fins de chauffage ou de production d’eau chaude, la valorisation de chaleur fatale est synonyme d’économies d’énergie. Elle permet à l’entreprise ou l’industrie de diminuer ses factures énergétiques. Elle agit donc comme un levier pour préserver la trésorerie d’une organisation.
En outre, elle permet de réduire l’empreinte d’une entreprise. En limitant sa consommation d’énergie, cette dernière fait baisser ses émissions de gaz à effet de serre (GES), notamment lorsque la chaleur fatale vient remplacer des combustibles fossiles (pétrole, gaz naturel, fioul, etc.), et par conséquent améliorer son bilan carbone.
Enfin, si la chaleur fatale est réinjectée dans un réseau de chaleur urbain, elle va pouvoir proposer aux riverains un chauffage renouvelable et à moindre coût. Pour l’entreprise qui la vend, c’est un moyen de générer des revenus complémentaires. C’est par exemple le cas à Lyon où Dalkia valorise environ 30 GWh de chaleur fatale, soit l’équivalent du chauffage de 100 000 logements.
Un projet de récupération de chaleur fatale ?
La chaleur fatale peut provenir de plusieurs sources, souvent spécifiques aux processus industriels ou aux activités du secteur tertiaire. Les principales sont :
Aujourd’hui l’Ademe estime à 109,5 TWh les gisements de chaleur fatale dans l’industrie. À titre de comparaison, « la consommation primaire d’énergies renouvelables pour usage de chaleur s’élève à 181 TWh » en 2023, selon les chiffres du Ministère de la Transition écologique. Elle représente donc un enjeu considérable.
La mise en œuvre d’un projet de récupération de chaleur fatale nécessite une approche méthodique. Pour ce faire, il convient souvent de se faire accompagner par un bureau d’étude, comme Akéa Énergies. Voici les principales étapes à suivre :
Mis en place par l’Ademe, le site recuperation-chaleur.fr permet aux industriels de se faire une idée des gisements de chaleur perdus dans leur entreprise et des possibilités de valorisation.
En outre, l’entreprise peut signer un Contrat de Performance Énergétique (CPE) au moment de mettre en place son plan d’action pour récupérer la chaleur fatale. Il s’agit d’un accord formel établi entre une entreprise industrielle et un opérateur énergétique (souvent un fournisseur d'énergie ou une société spécialisée en efficacité énergétique). Ce contrat vise à définir des objectifs clairs d’économies d’énergie pour l’entreprise.
L’avantage du CPE ? L’opérateur énergétique prend la responsabilité des performances promises. Si les économies d’énergie prévues ne sont pas atteintes, c’est l’opérateur qui assume les pénalités financières. Ce mécanisme offre une garantie de résultats pour l’entreprise, qui bénéficie d’une réduction de ses coûts énergétiques sans prendre de risque financier. Le CPE est donc un partenariat gagnant-gagnant : l’entreprise réduit sa consommation d’énergie et ses coûts, tandis que l’opérateur énergétique est incité à garantir la réussite des projets pour éviter les pénalités.
Bien que cela soit rentable sur le long terme, investir dans un système de récupération de chaleur fatale peut s’avérer très coûteux. Pour accompagner les entreprises et industries à se lancer, il existe des aides financières.
Doté d’une enveloppe de 4.3 milliards d’euros, le Fonds Chaleur, géré par l’Ademe, est un dispositif financier destiné à soutenir des projets liés à la récupération et à la valorisation de chaleur, notamment la chaleur fatale.
Il permet de financer l’installation d’équipements pour récupérer la chaleur perdue. Pour qu’une entreprise soit éligible à cette aide, elle doit avoir réalisé un diagnostic énergétique ou une étude de faisabilité dans les deux années précédant sa demande.
Ensuite, le montant de l’aide dépend de plusieurs critères, comme :
L’Ademe va prendre en charge un pourcentage de l’investissement à mener. Entre 12 % et 27 % selon les témoignages que l’on peut lire sur le site.
En complément du Fonds Chaleur, les entreprises et industries peuvent se tourner vers le mécanisme des CEE (Certificats d’Économies d’Énergie). Ce dispositif impose aux fournisseurs d’énergie de financer des actions d’efficacité énergétique. Les entreprises qui mettent en place des systèmes de récupération de chaleur peuvent ainsi obtenir des primes énergie dans ce cadre.
Enfin, il existe des aides régionales pour financer les opérations de récupération de chaleur fatale. C’est par exemple le cas en Provence Alpes Côte d’Azur, où la région propose une aide allant jusqu’à 45 % du coût du projet de l’entreprise ou de l’industrie.
Afin de savoir à quelles aides, elles peuvent prétendre, les entreprises et industries ont tout intérêt à se renseigner auprès des autorités locales ou de la CCI (Chambre de commerce et d’industrie) dont elles dépendent.
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