Gestion Technique du Bâtiment (GTB) : obligations, avantages et financement

GTB Gestion Technique du Bâtiment

Pour atteindre l’objectif de neutralité carbone fixé en 2050, il est indispensable de réduire drastiquement la consommation énergétique des bâtiments. En contrôlant minutieusement toutes les installations d’un bâtiment, la GTB (Gestion Technique du Bâtiment) se positionne comme un levier clé pour relever ce défi. Zoom sur son fonctionnement, ses avantages, et les aides disponibles pour accélérer sa mise en place.

GTB : de quoi parle-t-on ?

La Gestion Technique du Bâtiment (GTB), ou Building Management System (BMS) en anglais, est un système complexe qui a pour rôle de de gérer de manière automatisée toutes les installations techniques d’un bâtiment : CVC (chauffage, ventilation, climatisation), éclairage, stores, sécurité, arrosage…

S’adressant aussi bien aux grandes industries qu’aux petites entreprises, la GTB permet d’optimiser les performances énergétiques d’un bâtiment, minimisant ainsi ses coûts de gestion et son impact écologique.

À ne pas confondre avec la GTC (Gestion Technique Centralisée), qui ne concerne qu’un seul lot technique, comme par exemple le chauffage ou la ventilation. La GTB pilote quant à elle l'intégralité des lots d’un bâtiment.

GTB :

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GTC :

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Comment fonctionne une GTB ?

Un système de GTB se base sur un réseau composé de plusieurs niveaux :

  1. Les capteurs qui mesurent en temps réel les données nécessaires au bon fonctionnement de la GTB (température, luminosité, hygrométrie…).

  2. Les actionneurs qui permettent d’agir à distance sur un système donné, afin de modifier son état.

  3. Le logiciel de supervision et les automates, qui constituent l’interface principale de la GTB. Ils assurent le suivi des données et gèrent l’ensemble des installations du bâtiment.

Prenons l’exemple d’un cabinet d’experts comptables. L’éclairage recommandé dans les bureaux est de 500 lux pour un bon confort visuel. C’est donc la consigne qui sera donnée au logiciel de supervision via un automate.

Lorsqu’un capteur de luminosité mesure un éclairage inférieur ou supérieure à 500 lux dans une pièce, la GTB envoie automatiquement l’ordre à un actionneur d’agir :

  • soit sur l’ouverture des stores ;
  • soit sur l’intensité de l’éclairage artificiel de la pièce.

Le système retrouve un état d’équilibre lorsque le capteur mesure à nouveau une luminosité de 500 lux dans la pièce.

Un deuxième exemple, plus courant, est celui du maintien d’une température constante de chauffage en hiver, ou de climatisation en été.

L’on distingue deux types de capteurs dans un système GTB : le capteur logique, appelé capteur TOR (pour « Tout Ou Rien ») qui renvoie une mesure binaire (fait-il plus de 19°C ? Réponse : oui ou non) ; et le capteur analogique qui fournit une donnée précise, comme par exemple la température exacte de la pièce.

Les différentes classes de GTB

Il faut savoir qu’il existe plusieurs classes de GTB. Régies par la norme EN ISO 52120-1 (qui a remplacé la NF EN 15232-1), elles sont au nombre de quatre et permettent de distinguer les systèmes de Gestion Technique du Bâtiment en fonction de leur niveau d’efficacité :

  • Classe A pour une GTB à fort rendement énergétique (souvent installée dans les bâtiments neufs au moment de la construction) ;
  • Classe B pour une régulation avancée (particulièrement plébiscitée pour les rénovations) ;
  • Classe C pour une gestion standard (classe de référence répondant aux exigences réglementaires) ;
  • Classe D pour une GTB peu performante, sans réel rendement énergétique.

Avantages et limites de la GTB

La GTB présente de nombreux avantages, mais également certaines limites, notamment en termes de complexité d’installation et de cybersécurité. Pour vous aider à faire un choix éclairé, le tableau suivant synthétise les principaux avantages et inconvénients à prendre en compte dans un projet de GTB.

 

Avantages

Inconvénients

Optimisation énergétique

  • Réduction des coûts grâce à une gestion intelligente des équipements énergétiques
  • Régulation automatique de systèmes complexes
  • Facilite l’identification de sources de gaspillage

Coût initial élevé pour l’installation et la configuration

Confort des occupants

  • Régulation automatique du chauffage, ventilation et climatisation (CVC)
  • Gestion ajustée de l’éclairage pour un meilleur confort
  • Possibilité d’équiper chaque pièce d’une régulation individuelle

Nécessite une bonne maîtrise pour paramétrer correctement les systèmes automatisés

Supervision centralisée

  • Interface unique pour surveiller et piloter tous les équipements techniques
  • Alertes en temps réel pour une réactivité accrue face aux anomalies
  • Possibilité d’intervenir à distance
  • Complexité d’utilisation pouvant nécessiter des formations spécialisées
  • Maintenance et mises à jour régulières nécessaires, générant des coûts supplémentaires

Sécurité

  • Intégration des systèmes de vidéosurveillance, de contrôle d’accès et d’alarme pour une meilleure gestion des risques
  • Possibilité de programmer des scénarios d’urgence (évacuations, coupures électriques ciblées)

Vulnérabilité potentielle aux cyberattaques en cas de sécurité insuffisante

Valorisation du bien

  • Favorise la certification des bâtiments (HQE, BREEAM, LEED)
  • Augmente la valeur immobilière en respectant les normes écologiques et technologiques

Difficulté d’interopérabilité avec certains équipements préexistants dans le bâtiment


Pourquoi mettre en place une GTB dans son entreprise ?

Obligation réglementaire : le décret BACS

Les avantages cités ci-dessus ne suffisent pas à expliquer l’engouement observé pour les systèmes de GTB ces dernières années. Car si 6 % du parc tertiaire était équipé d’une GTB en 2023, c’est avant tout grâce à une obligation réglementaire : le décret BACS.

Publié en 2020 dans l’objectif d’apporter des précisions dans la mise en oeuvre du décret tertiaire, le décret BACS (Building Automation & Control Systems) oblige tous les bâtiments tertiaires disposant d’un système de chauffage-climatisation d’une puissance nominale supérieure à 70 kW, de s'équiper d’un système d’automatisation et de contrôle du bâtiment, selon un calendrier réglementaire bien précis.

Ce système doit permettre :

  • De suivre et d’analyser en temps réel certaines données spécifiques de production et de consommation d’énergie du bâtiment ;
  • D’estimer l’efficacité énergétique du bâtiment par rapport à des valeurs de référence établies en amont ;
  • Une interopérabilité avec tous les équipements techniques et énergétiques du bâtiment ;
  • D’intervenir manuellement pour arrêter tout ou partie de ces systèmes.

De manière générale, pour répondre — en partie — aux exigences du décret, la plupart des entreprises concernées choisissent de mettre en place une GTB.

La GTB : une solution intéressante mais insuffisante pour le décret BACS

Si votre structure est concernée par le décret BACS, faites bien attention à l’outil que vous choisirez car toutes les GTB ne garantissent pas une mise en conformité.

En effet, selon la configuration de votre entreprise ou collectivité, il peut être nécessaire de compléter la GTB avec une solution de monitoring énergétique hardware et software.

Cela sera déterminé à l’étape du diagnostic, réalisé par un professionnel compétent.

Pour plus d’informations sur les obligations réglementaires s'appliquant aux bâtiments, rendez-vous sur notre article complet dédié au décret BACS.


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Quels financements pour la gestion technique du bâtiment ?

Prime CEE

Ce type d’installation nécessitant un investissement conséquent, l’État a mis en place des mesures pour soutenir financièrement les entreprises et structures publiques qui souhaitent s’engager dans la transition.

Ainsi, il existe une possibilité de prise en charge partielle pour la mise en place d’une GTB, via le dispositif des Certificats d’Économies d’Énergie, appelé prime CEE.

Cela concerne le déploiement d’une GTB neuve ou améliorant un système existant, dans un bâtiment construit depuis plus de 2 ans. Pour bénéficier de cette prime, le système choisi doit obligatoirement :

  • Réguler le chauffage et le cas échéant, l’eau chaude sanitaire, le refroidissement, la climatisation, l’éclairage ou les auxiliaires ;
  • Répondre à la norme NF EN ISO 52120-1 avec un système de régulation de classe B ou A (avec pour les GTB existantes, l’atteinte de la classe B ou A) ;
  • Être installée par un professionnel.

Les conditions de l’obtention de la prime CEE sont précisées dans la fiche d’opération standardisée BAT-TH-116 Système de gestion technique du bâtiment pour le chauffage, l’eau chaude sanitaire, le refroidissement/climatisation, l’éclairage et les auxiliaires.

Le montant de la prime est déterminé par un calcul complexe qui dépend de plusieurs paramètres (usage du bâtiment, surface, zone climatique…). Pour connaître le montant exact auquel vous pourrez prétendre, il est conseillé de vous renseigner auprès d’un bureau d’études spécialisé GTB.

Fin de la bonification depuis juin 2024

Entre octobre 2022 et juin 2024, les structures concernées par la prime CEE pouvaient, sous certaines conditions, bénéficier d’une bonification de la prime, en recevant un volume plus important de certificats d'économies d'énergie.

Le forfait CEE était ainsi multiplié :

  • Par 2 pour l'acquisition d'un système GTB performant ;
  • Par 1,5 pour l'amélioration d’un système GTB existant.

Toutefois, depuis le 30 juin 2024, cette bonification a été supprimée. Elle n’est donc plus d’actualité aujourd’hui.

Prime CEE en 2025

Plus récemment, l'arrêté du 22 août 2024 est à nouveau venu modifier la fiche BAT-TH-116 concernant l'installation d'un système de gestion technique du bâtiment.

Ainsi, le 1er janvier 2025 marque une baisse des forfaits CEE de 5 % à 50 % selon les cas. Cela s’explique en partie par l’entrée en vigueur du décret BACS pour les bâtiments existants équipés d’un système de puissance supérieure à 290 kW.


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